Barbie est-elle à l'origine de nos TCA ?
- Julietta
- 5 août 2023
- 2 min de lecture
Le rose a envahi la salle de cinéma. Toutes mes copines sont allées voir le film BARBIE.
Jusqu'au collège, je jouais en secret avec ma copine à la poupée. C'était la honte, on se cachait, mais on aimait tellement cela. Les histoires où l'on était de vraies womanpower en puissance avec le job qui gagne, la belle maison, les copines, le mec qui nous courait après. À l'époque, il n'y avait qu'un seul mec avec le fameux « ils vécurent heureux ».
En grandissant les histoires sont devenues de plus en plus stéréotypées, sexualisées, glauques parfois. Mes barbies à moi, elles faisaient l'amour. Ce n'était pas toujours de l'amour. Autant Disney nous avait protégées en nous racontant l'amour idéaliste, le but ultime de la vie d'une femme. Autant les films et séries de l'adolescence nous renvoyaient à de l'amour tourmenté et du sexe violent, des drames à gogo. Aimer c'était souffrir.
Cette violence s'est répercutée sur ma façon de jouer aux Barbies. D'ailleurs, toutes les barbies finissaient à poil dans le placard le soir... À 11 ans, ma Barbie se faisait violer... Je me rappelle que cette nuit-là, j'avais eu du mal à dormir, je me sentais mal d'avoir fait ça à ma poupée.
Je ne pense pas que ce soit la silhouette parfaite de Barbie qui a déclenché mes troubles du comportement alimentaire et ma quête de la perfection. Barbie, elle est canon, c'est clair, mais elle prend sacrément cher. Elle n'a jamais été épargnée. Barbie était un jouet comme un autre dans mon enfance.
C'est la représentation de la femme dans les médias qui a biaisé mon regard sur le corps. C'était aussi la façon dont toutes les femmes autour de moi parlaient de « régime pour être mince » qui a influencé ma façon de penser.
Le régime, c'était quasiment une étape obligatoire dans la vie des femmes, les médias nous bombardaient de régimes, de corps parfaits, de diabolisation du gras en permanence. Ils ont normalisé la restriction cognitive.
A force de se faire pointer du doigt et avec le contre-courant du BodyPositive, Mattel avait fini par lancer un nouveau produit: une Barbie "normale". Une Barbie brune qui n'avait ni une taille, ni un poids mannequin. Barbie tout le monde.
Mon regard était tellement biaisé par les années de TCA qu'en voyant cette poupée dans le magasin, je me suis dis: « Si j'avais eu cette (grosse) Barbie, elle aurait été la méchante, celle que personne n'aime ».
Aujourd'hui, je suis presque effrayée par cette pensée complètement grossophobe. J'avais tellement peur de devenir grosse et d'être rejetée que je rejetais moi-même ce qui m'angoissait.
À l'heure où le gouvernement chinois restreint l'accès des réseaux sociaux à ses mineurs, il est peut-être temps que l'on s'inquiète nous aussi de ce qu'on donne à voir à nos enfants et adolescents. On ne se nourrit pas uniquement de nourriture, mais de tout un environnement.
Le temps passé sur les réseaux sociaux est effrayant. Ceux-ci modulent les façons de penser des individus et notamment lorsqu'ils sont jeunes et influençables.
Pour revenir au film Barbie, c'est léger, c'est rose, c'est sympa. Margot Robbie est canon et incarne parfaitement la WomenPower qui n'a pas besoin d'écraser les autres pour se sentir bien dans ses Birkenstock.
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