"On est foutus on mange trop" chantait Alain SOUCHON
- Julietta
- 13 sept. 2023
- 3 min de lecture
C'est l'été et j'en profite pour passer quelques temps chez mes parents dans le sud de la France. Le petit déjeuner sur la terrasse c'est tout de même très agréable. Quand je vois de quelle façon mes parents s'alimentent, je suis assez interloquée. Ce n'est pas une question de qualité des aliments. Il y a toujours des légumes, des fruits, les assiettes sont équilibrées et savoureuses. Il y a peu de produits transformés, tout est fait maison quasiment et la majorité est bio. Et surtout c'est vraiment très bon !
Ce qui me surprends ce sont les quantités ingérées. Bien au delà des besoins physiologiques, bien au delà de la dépense qui va être faite dans la journée.
Et puis ces phrases: "Il faut bien manger le matin et faire attention le soir" qui est la version courte de : "Il faut manger comme un roi au petit déjeuner, comme un prince au déjeuner et comme un pauvre le soir." Cette phrase je l'ai tellement entendu que j'ai mis un sacré bout de temps à la déconstruire.
Ne faudrait-il pas plutôt manger selon sa faim et s'arrêter lorsque la sensation de faim se dissipe et lorsque le plaisir des premières bouchées s'efface ?
De cette manière la régulation de la prise alimentaire se fait en respectant ses besoins physiologiques et non plus en suivant des règles farfelues ou des croyances datées. Il est loin le temps où en France les gens travaillaient aux champs ou bien ne mangeaient pas à leur faim.
Que signifie "bien manger" ? La définition sera différente en fonction de notre culture, de nos habitudes, de notre héritage familiale... Pour moi bien manger c'est manger à sa faim. Pour d'autres, c'est manger beaucoup ou encore manger équilibré.
Il est difficile de faire entendre que "bien manger" ne veut pas dire manger plus que ses besoins (voir bâfrer) quelque soit le repas. Ou bien que "faire attention le soir" n'a pas vraiment de sens puisque le corps se régule sur plusieurs jours et pas sur 24h. Alors effectivement si on mange beaucoup trop le soir, on va ressentir de l'inconfort digestif et des difficultés pour s'endormir. Cet inconfort va se ressentir quelque soit l'heure du repas. Après un gros repas le midi, qui a envie de bosser ?
Cette surconsommation frénétique, c'est la traduction - parfois imperceptible - de la peur de manquer. Pourquoi un tel comportement dans une famille qui ne manque de rien ?
On surconsomme en prévision de la mise au régime qui va arriver. Avant chaque prise de sang, on va "faire attention", après la prise de sang "on va faire un régime". Avant les fêtes, après les fêtes... Les montagnes russes de la restriction/compulsion en version plus soft et normalisée.
La peur de manquer de nourriture c'est biologique. C'est un instinct viscéral. On peut difficilement lutter contre cela. Au temps des mammouths, le manque de nourriture pouvait-être synonyme de mort. On a gardé inscrit dans notre patrimoine génétique cet instinct alors que nos frigos sont pleins.
En prendre conscience est déjà un bon début. Cela peut aussi faire l'objet de crispation chez celui qui se rend compte qu'effectivement son assiette est surchargée par les émotions et la peur de manquer.
Déconstruire des habitudes ce n'est pas ce qu'il y a de plus facile. Revenir à une alimentation qui réponds à ses véritables besoins demande une attention particulière. Cela peut valoir le coup.
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