Pourquoi nous sentons-nous coupable ?

C'était une notion assez flou, plutôt désagréable même que j'avais tendance à fuir. Afin de mieux décortiquer ce qu'est la culpabilité, j'ai décidé de partir de moi, de mes ressentis face à cette émotion si commune mais mal aimée.

La dernière fois que j’ai ressenti de la culpabilité, j'étais chez mes parents où je passais quelques jours. Pas toujours facile ce retour à la maison. A un moment ma mère s’est mise en colère. Il s'agissait plus d'une explosion de colère, une vraie cocotte minute. Je me suis sentie coupable, comme si c’était moi la raison de ce trop plein d’énergie, de cet état dans lequel pouvait se mettre ma mère pour si peu.

Il y a quelques années, j’aurai mangé ma culpabilité, je serai allée acheter de la bouffe pour atténuer ou anéantir cette émotion désagréable, pour ne plus rien ressentir et puis j’aurai tout rejeter, la bouffe, les émotions pour faire place au vide.

C’était ma façon de gérer mes émotions, en clair décodé ne pas les vivre, ne rien ressentir.

Aujourd’hui je connais mieux mon corps. Au lieu de manger mes émotions, je vais pleinement les vivre et les laisser partir. Mais parfois ce n’est pas super clair.

Après l’épisode explosif avec ma mère, je suis allée courir dans en forêt. D’une part pour ne pas faire une crise de boulimie et d’autre part parce que c’est un endroit où je me sent bien. J’ai essayé de comprendre ce qui se passait dans ma tête mais surtout dans mon corps. J’avais une espèce de boule dans le ventre, comme s’il était noué. Physiquement c’était palpable, mon ventre était très dur.

J’ai voulu comprendre pourquoi je ressentais de la culpabilité, ça partait du ventre, une émotion ?!

Qu’est ce qu’il y a derrière ma culpabilité ? En creusant, en allant de "pourquoi" en "pourquoi", j'ai trouvé de la colère.

J’étais en colère contre ma mère. Vraiment en colère contre son comportement. Sa difficulté à gérer ses propres émotions. Sa faculté à exploser et à rendre son environnement lourd et invivable au lieu d’expliquer calmement ses besoins.

On a tous le droit d’être en colère mais pour éviter un trop plein émotionnel - voir tous les mots durs qui vont avec - et bien il vaut mieux communiquer et expliquer les choses, ses besoins au moment où on les ressent, ne pas attendre que ça fasse cocotte minute.

Donc voila, j’étais dans la foret, j’ai compris ça. J’étais encore plus énervée en courant, je vidais mon sac de rage dans ma course.

J’avais raison d’être en colère. A un moment, je me suis dis, c’est bon, je peux passer à autre chose, mon ventre s’est détendu et surtout je ne me sent plus du tout coupable du comportement explosif de ma mère. A elle d’apprendre à exprimer ses besoins au bon moment et convenablement.

Si j'évoque cette histoire c’est parce qu’il me semblait important de prendre un exemple concret. La culpabilité c’est une émotion qu’il faut savoir reconnaître.

C’est souvent - voir la plupart du temps, une émotion qui cache une émotion primaire comme la tristesse, la colère, la peur, la joie même !

La culpabilité a une utilité. Elle nous permet un changement d’état nécessaire (au niveau du système nerveux) pour un passage à l’action afin de réparer (des excuses sincères par exemple) ou ne pas reproduire l’acte et donc d’agir différemment les prochains coups.

La culpabilité est bien pratique pour manipuler des personnes, pour leur vendre des produits miracles, des pilules minceur, des régimes…

Notre environnement est bourré de messages culpabilisants « si tu fais cela, tu seras acceptée » « Si tu perds du poids, tu seras acceptée, désirée… »

La culpabilité peut se ressentir à la place d’une autre émotion (colère, tristesse, la peur…) qu’on s’interdit de ressentir et donc de comprendre, de traiter, d'agir...La culpabilité est un red flag (une alerte) très utile qui nous indique qu’il serait bon de comprendre ce qui créé ce malaise.

Les maux que l’on ne traite pas finissent par hurler ! Comme ma mère.

Cet état émotionnel persistant va s’auto-alimenter, s’amplifier si on ne s'en occupe pas. Effet cocotte minute assuré.

Réguler sa culpabilité ou ses émotions (ça marche aussi). Il s'agit de les placer à un niveau émotionnel acceptable. Pour ce faire, on peut utiliser des techniques et outils de régulation émotionnelle (travailler sa respiration, écrire, danser, bouger, théâtre, l’EFT…). Une fois le niveau émotionnel abaissé, il est plus facile d'en comprendre les origines et puis de prendre la décision adéquate.

Et toi ? Te sent tu coupable parfois ? Que fais tu pour gérer cette émotion ?